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transversale T ; ramenez-le sur le derrière, puis sur le devant, &ainsi de suite, jusqu'à ce que toute la greffe en soit recouverte, sans cependant cacher l'œil ; nouez ensuite par derrière, & l'opération est finie.

La plupart des pépiniéristes suppriment l’excédent de la branche après l'avoir greffée. Ne vaut-il pas mieux le couper auparavant, après avoir examiné & choisi l'emplacement où l'on veut greffer ? Souvent cet excédent de branche embarrasse, & plus souvent encore la secousse que l'on donne à la branche en la retranchant, puisque l'on est obligé de placer la main trop bas, peut occasionner le dérangement de l’écusson : il faut aller au plus sûr.

On est quelquefois surpris du peu de réussite de plusieurs greffes, quoique l'opération ait été bien faite. Une légère attention auroit prévenu ce contre-tems. Après avoir détaché l’écusson de dessus le bois, c'est le cas d'examiner si son œil est vide ou plein ; c'est-à dire, si la partie intérieure & qui constitue essentiellement la greffe, n'est pas restée adhérente au bois. Dans ce cas, l’écusson est à rejeter, & sur mille il n'en réussira pas un. Le moyen le plus sûr de parer à cet inconvénient, est, lorsqu'on lève l’écusson, de laisser un peu de bois sous l'œil. L'habitude facilite cette pratique.

Il y a deux manières de greffer en écusson, ou à œil dormant.

I. La greffe en écusson à la pousse ne diffère en lien, quant au mécanisme de l'opération qui vient d'être décrite, la saison seule a fixé sa dénomination. Elle s'exécute dès que l'arbre commence à être en sève, & l'on choisit alors un œil sur un bourgeon d'un arbre franc, œil qui n'a pas encore poussé.

II. La greffe en écusson à œil dormant se pratique lorsque l'arbre est en pleine sève, & elle ne diffère de la précédente que parce que la feuille, mère nourrice du bouton, est développée & couvre de sa base l'œil qui doit pousser au printems de l’année suivante. On l’a appelé dormant, parce qu'il reste engourdi & comme dormant jusqu'au retour des premières chaleurs du printems suivant.

Soit que l’on greffe en écusson à la pousse, soit à œil dormant, on peut placer deux greffes sur le même sujet aux deux côtés opposés, mais non pas sur la même ligne ; l’une doit être plus haute que l'autre. Pour suivre l’ordre de la nature, on fera très-bien d'observer le même espace entre les deux greffes que la nature conserve d'un œil à l'autre.


Cette greffe diffère encore de la précédente, en ce que dans la première on abat la partie de la branche supérieure à l'écorce, tandis que pour celle-ci on la conserve jusque vers la fin de l'hyver prochain : alors on la rabaisse à cinq ou six lignes au-dessus de l'œil qui a dormi jusqu'à cette époque, & qui ne tardera pas à s'ouvrir & à pousser un jet vigoureux au moment que la chaleur viendra ranimer la végétation.

La greffe à la vrille (invention de Schabol), se fait en perçant l'écorce lisse & unie d'un poirier, à un pouce de profondeur, puis unissez l’ouverture à l’endroit de l’écorce ; prenez, un rameau de la pousse précédente, diminuez-le par le bout en forme de cheville de même grosseur que la mèche de votre vrille, & de la longueur du trou dans lequel vous faites entrer ce rameau un peu avec force ; observez que les deux écorces se touchent ; enduisez d'onguent de S. Fiacre le tour de votre greffe, & mettez un linge par-dessus. Quand cette greffe reprend, elle est supérieure à celle en fente.

Les arbres à pépin se greffent sur franc, sur sauvageon, sur coignassier, & sur d'autres arbres déjà greffés ; ce qui s'appelle franc sur franc. Cette dernière façon donne les plus beaux fruits possibles, en renouvelant cette greffe plusieurs années de suite sur le même sujet, & changeant l’espèce à chaque fois.

La greffe en fente se fait au mois de février ou de mars ; on peut encore greffer les pommiers à la mi-avril.

La greffe en écusson se fait en deux tems, à la pousse & à œil dormant ; elle réussit mieux à la pousse sur les fruits à pépin, c'est-à-dire, quand la sève est dans toute sa force, à la fin de mai, ou au commencement de juin ; on coupe alors la tige au-dessus de la greffe.

Les fruits à noyau, sur-tout le pêcher, ne doivent être greffés qu'à œil dormant ; ce qui se fait en juillet, août, même en septembre si l’année est humide. Si l’année est sèche, on peut commencer cette greffe en juin.

Quoique l’on puisse greffer le pêcher sur prunier, abricotier, & pêcher venu de noyau, le mieux est de le greffer sur amandier, ainsi que l’abricotier, sans distinction de terrain, parce qu'on le plante dans des trous profonds de trois à quatre pieds.

On ne doit greffer un sujet que quand il a au moins un pouce de diamètre pour espaliers, & dix-huit lignes pour les plein vent & demi-tiges.


Quand