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LES ROUGON-MACQUART.

Françoise, qui avait rouvert les paupières, ne remuait toujours pas. Elle le regardait longuement, de ses grands yeux douloureux ; et elle ne répondait point, comme très loin de lui déjà, songeant à des choses.

— Tu es blessée, tu as du sang, réponds, je t’en prie !

Il se tourna vers le père Fouan, qui s’approchait.

— Vous étiez là, que s’est-il passé ?

Alors, Françoise parla, d’une voix lente.

— J’étais venue à l’herbe… je suis tombée sur ma faux… Ah ! c’est fini !

Son regard avait cherché celui de Fouan, elle lui disait, à lui, les autres choses, les choses que la famille seule devait savoir. Le vieux, dans son hébétement, parut comprendre, répéta :

— C’est bien vrai, elle est tombée, elle s’est blessée… J’étais là, je l’ai vue.

Il fallut courir à Rognes pour avoir une civière. En route, elle s’évanouit de nouveau. On crut bien qu’on ne la rapporterait pas vivante.