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LA CURÉE

— Elle ne danse pas, lui dit-elle à voix basse. Elle paraît inquiète. Je crois qu’elle médite quelque coup de tête… Mais je n’ai pu encore découvrir le damoiseau… Je vais manger quelque chose et me remettre à l’affût.

Et elle mangea debout, comme un homme, une aile de volaille qu’elle se fit donner par M. Michelin, qui avait fini sa terrine. Elle se versa du malaga dans une grande coupe à champagne ; puis, après s’être essuyé les lèvres du bout des doigts, elle retourna dans le salon. La traîne de sa robe de magicienne semblait avoir déjà ramassé toute la poussière des tapis.

Le bal languissait, l’orchestre avait des essoufflements, lorsqu’un murmure courut : « Le cotillon ! le cotillon ! » qui ranima les danseurs et les cuivres. Il vint des couples de tous les massifs de la serre ; le grand salon s’emplit, comme pour le premier quadrille ; et, dans la cohue réveillée, on discutait. C’était la dernière flamme du bal. Les hommes qui ne dansaient pas regardaient, du fond des embrasures, avec des bienveillances molles, le groupe bavard grandissant au milieu de la pièce ; tandis que les soupeurs du buffet, sans lâcher leur pain, allongeaient la tête, pour voir.

M. de Mussy ne veut pas, disait une dame. Il jure qu’il ne le conduit plus… Voyons, une fois encore, monsieur de Mussy, rien qu’une petite fois. Faites cela pour nous.

Mais le jeune attaché d’ambassade restait gourmé dans son col cassé. C’était vraiment impossible, il avait juré. Il y eut un désappointement. Maxime refusa aussi, disant qu’il ne pourrait, qu’il était brisé. M. Hupel de la Noue n’osa s’offrir ; il ne descendait que jusqu’à la poésie. Une dame ayant parlé de M. Simpson, on la fit