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AU BONHEUR DES DAMES.

— Monsieur, répétait Hutin, je comptais vous soumettre cette baisse… Elle est nécessaire, vous le savez, car ces velours n’ont pas réussi.

Mouret voulut couper court, par une dernière dureté.

— C’est bien, monsieur, nous examinerons l’affaire… Et ne recommencez pas, si vous tenez à la maison.

Il tourna le dos. Hutin, étourdi, furieux, ne trouvant que Favier pour vider son cœur, lui jura qu’il allait flanquer sa démission à la tête de cette brute-là. Puis, il ne parla plus de s’en aller, il remuait seulement toutes les accusations abominables qui traînaient parmi les vendeurs contre les chefs. Et Favier, l’œil luisant, se défendait, avec de grandes démonstrations de sympathie. Il avait dû répondre, n’est-ce pas ? et puis, est-ce qu’on pouvait s’attendre à une pareille histoire pour des bêtises ? Sur quoi donc marchait le patron, depuis quelque temps, qu’il devenait indécrottable ?

— Oh ! sur quoi il marche, on le sait, reprit Hutin. Est-ce ma faute, à moi, si cette grue des confections le fait tourner en bourrique !… Voyez-vous, mon cher, le coup vient de là. Il sait que j’ai couché avec, et ça ne lui est pas agréable ; ou bien c’est elle qui veut me faire flanquer à la porte, parce que je la gêne… Je vous jure qu’elle aura de mes nouvelles, si jamais elle tombe sous ma patte.

Deux jours plus tard, comme Hutin était monté à l’atelier des confections, en haut, sous les toits, pour recommander lui-même une ouvrière, il eut un léger sursaut, en apercevant, au bout d’un couloir, Denise et Deloche accoudés devant une fenêtre ouverte, si enfoncés dans une conversation intime, qu’ils ne tournèrent pas la tête. L’idée de les faire surprendre lui vint brusquement, lorsqu’il s’aperçut que Deloche pleurait. Alors, il se retira sans bruit ; et, dans l’escalier, ayant rencontré Bourdoncle et Jouve, il leur conta une histoire, un des