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cice ; exerçons notre corps, et peu à peu l’équilibre se rétablira.

Ces réflexions, très graves à mon sens, me sont suggérées par un petit volume que vient de publier M. Eugène Paz. Ce volume, qui a pour titre : La santé de l’esprit et du corps par la Gymnastique, porte ces mots en épigraphe : Mens sana in corpore sano. C’est là tout le livre. Que les éléments sanguins et nerveux soient en équilibre ; que l’esprit et la chair marchent de bonne compagnie : le corps jouira d’une paix profonde, l’intelligence créera dans le calme des œuvres fortes et paisibles. En présence de l’érétisme nerveux qui nous secoue, le remède indiqué par M. Eugène Paz est le remède logique des exercices corporels. Il envoie toute notre génération au gymnase.

J’applaudis sans réserve aux conclusions du livre ; je voudrais que tout Paris, comme l’ancienne Lacédémone, se portât au Champ de Mars et s’y exerçât à la course, au jet du javelot et du disque. Mais qu’il me soit permis de dire combien une pareille éducation est en dehors de nos mœurs, en dehors de notre âge et de nos aspirations. Sans doute, il faut faire appel au peuple, le pousser dans les gymnases, au risque de n’être pas entendu. Pour réussir toutefois à faire de nous de nouveaux Grecs, et de Paris une nouvelle Athènes, il serait nécessaire de nous transporter de deux mille ans en arrière, de nous donner le ciel bleu et les chauds horizons de l’Orient, et de nous procurer l’oubli de notre science. Nous ne pouvons être ce que la Grèce, ce que Rome, ce que le moyen