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juger sa pièce, en pure théorie et en dehors de tout exemple.

Je ne puis, en finissant, m’empêcher de lui souhaiter bon courage et bonne chance au sujet de la pièce annoncée par lui sous le titre des Deux Sœurs. Il faudrait montrer une fois pour toutes au public que la vérité seule est grande, et que l’art n’est fait que de vérité.


II


16 septembre 1865.

Je viens maintenant, en critique de la dernière heure, dire mon avis sur les Deux Sœurs et sur les orages que cette œuvre a soulevés. Nous sommes en plein apaisement : l’auteur a publié une préface conciliante, la petite presse a changé de hochet, la grande procède à d’autres condamnations, la pièce elle-même ne tient plus les applaudissements et les sifflets en haleine. C’est le moment de porter un jugement définitif, de mettre une dernière fois en question l’auteur et la pièce, la critique et le public. Imaginez que je suis un curieux qui a tout écouté et qui éprouve une furieuse démangeaison de dire ce que personne n’a dit, de résumer les débats, d’écrire la conclusion de cette singulière histoire. Si j’entretiens encore