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de chose sur l’Égypte ; les quelques détails certains que nous connaissons viennent de ces vastes manuscrits de pierre que les pluies et les soleils n’ont pu entamer. Mais il y a un écueil dans la lecture de ces livres ouverts en plein ciel : les phrases sont courtes, et les commentaires ont les marges grandes ; puis, l’histoire entière n’est pas là ; c’est là l’histoire officielle, très pompeuse, très embrouillée, se contredisant souvent elle-même. L’historien qui voudra tout lire, tout interpréter, tout coordonner, arrivera inévitablement à des erreurs énormes et grossières. Les documents ne manquent pas, mais ils sont en bien mauvais état ; on peut mal lire, on peut comprendre plus mal encore. C’est ainsi que M. Ampère, voulant concilier tout ce qu’il avait déchiffré, a conclu à l’absence de castes chez les Égyptiens. C’est là blasphémer, paraît-il. Et tout cela, parce que les murs ont menti, parce qu’ils ont été mal lus sans doute, mal interprétés. Il faut faire un usage modeste des inscriptions, et les commenter avec prudence. M. de Lanoye n’accepte que les phrases complètes, les assertions claires. Il est savant tout juste assez pour n’être pas romancier.

Son livre est divisé en quatre parties : L’Égypte avant Ramsès, — Ramsès II, — Campagnes de Ramsès, — Monuments de Ramsès. Le grand roi est l’incarnation de l’Égypte puissante et forte ; il résume les temps antérieurs et annonce les temps futurs.

Les origines d’un peuple sont presque toujours un prétexte aux hypothèses des esprits ingénieux. On ne peut faire, ce me semble, que des conjectures plus