Page:Emile Zola, Mes haines - Mon salon - Edouard Manet, Ed. Charpentier, 1893.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de nous, nous les dédaignons ensuite, et nous désertons nos demeures. Je demande formellement que l’on démolisse tous les pensionnats de jeunes filles existants, et que, sur leurs ruines, on bâtisse des collèges où nos filles seront élevées comme nos fils. Au sortir des collèges, filles et garçons se tendront la main en camarades et se comprendront.

Après avoir libéré l’intelligence, il faut libérer le cœur et le corps. Il faut donner à la femme l’égalité devant la loi et rétablir le divorce. La question des enfants est secondaire ; on trouvera une loi qui sauvegardera leurs intérêts. Mais ce qu’il est absolument nécessaire de briser, c’est ce lien de fer qui unit éternellement deux êtres l’un à l’autre. Il est de toute nécessité que l’homme et la femme soient libres dans leur union, et que ce ne soit pas un article du Code qui les rende fidèles.

Dès lors, le couple marchera fermement. Il sera uni par le corps et par l’âme, par la liberté même du mariage. L’union sera plus digne, plus haute, plus pénétrante. Le couple ne fera plus qu’un seul être qui accomplira dans son unité tous les actes de la vie, sociaux et privés.

Tel est le livre de M. Eugène Pelletan. J’accepte les conclusions de l’auteur, tout en sachant que les rieurs ne sont pas de notre côté. La femme savante, la femme citoyenne, c’est là un si beau sujet de risées ! Riez et laissez-nous espérer.

M. Eugène Pelletan est un poète pratique, ai-je dit. Je ne saurais mieux le définir. Je songeais, en lisant