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sionnables ne cèdent pas rapidement à toutes les contagions morales et ne prennent pas le tempérament de ce qui les entoure.

Nous croyons fermement que Pierre Rivière ne fut ni un monstre ni un fou ordinaire, et c’est pourquoi nous avons raconté ici ce que nous savions de lui. Il y avait à la fois dans cet homme quelque chose du Louis Lambert de M. de Balzac et du Claude Gueux de M. Victor Hugo : rêveur comme le premier et tenace comme le second, Rivière fut plutôt incomplet qu’insensé ; comme il le dit lui-même dans sa lettre à son père, il « manquait des facultés les plus nécessaires à la vie sociale. » Toujours seul, il adopta dès son enfance des habitudes et des croyances bizarres qui le firent regarder comme un idiot et le repoussèrent encore plus à l’écart. Son imagination put alors s’abandonner sans frein à