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et que les enfants montraient au doigt, était tourmenté de merveilleuses pensées.

Dès son enfance, il avait commencé à se séparer de la foule. Tandis que les jeunes pâtres passaient leur temps à dénicher des oiseaux le long des haies vives ou à écouter les dentellières chantant des cantiques sur les seuils, Pierre, déjà triste et silencieux, lisait et méditait à l’écart. Son instruction y gagna, mais aux dépens de son cœur. Il est rare qu’une solitude exagérée n’amène point les mêmes résultats que les vices bruyants ; si ceux-ci éteignent la sensibilité, celle-là l’endort d’habitude, et l’homme, destiné par Dieu à une association harmonieuse, ne se déprave pas moins dans l’isolement absolu que dans le tumulte du monde. La persécution moqueuse à laquelle Rivière était en butte l’avait d’ailleurs endurci. Cette cruauté curieuse, naturelle à la plu-