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Nous terminerons ce paragraphe en faisant observer au lecteur qu’il faut éviter, lorsqu’on écrit une composition légère, de lui faire parcourir une série de modulations recherchées, et que la mélodie naïve de la romance, surtout, perd beaucoup de cette simplicité qui fait son plus grand charme si le compositeur emploie l’harmonie compliquée du genre enharmonique pour l’accompagner ; ce qui, soit dit en passant, ne peut contribuer qu’à rendre les intonations vocales d’une exécution souvent insurmontable.

§ 11.

DE LA BASSE SOUS LA MÉLODIE.

Maintenant que l’on connait la marche modulante des mélodies majeure et mineure, nous allons exposer, le plus clairement possible, comment on doit procéder pour parvenir à accompagner un chant quelconque par une harmonie pure et nombreuse.

On doit, avant que d’écrire l’accompagnement d’une mélodie, observer :

1° Dans quel ton cette mélodie est écrite.

2° Quelles sont les modulations passagères des phrases principales ou incidentes.

3° Quelles notes du chant peuvent être réelles ou passagères relativement à l’harmonie qu’on supposera devoir les accompagner le plus convenablement ; et, enfin,

4° Quel est le caractère général de la mélodie, son mouvement lent ou vif, sa physionomie particulière.

Car, un chant expressif mais non rhythmé, et par conséquent d’une allure sévère, comporte une harmonie toute différente que celui dont le mouvement animé, spirituel, la désinvolture passionnée ou brillante forment le caractère distinctif.

Pourtant, la plupart des notes d’une mélodie, pouvant être parties intégrantes de plusieurs accords différents, il advient que le compositeur a la faculté d’accompagner cette même mélodie de dissemblables manières, parce que telles notes du chant, qui, par exemple dans un certain parti pris d’harmonie, eussent été passagères, deviennent réelles dans certain autre, et vice versâ.