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M. Lammeter, actuellement existant, n’a pu faire autre chose que la conserver intacte, je crois bien. On a toujours dit que personne ne pouvait s’enrichir aux Garennes. Et pourtant il afferme la propriété à bon marché, attendu que c’est ce qu’on appelle un bien de fondation.

— Oui, et il y a peu de personnes qui sachent aussi exactement que vous comment cette terre est devenue un bien de fondation, n’est-ce pas, monsieur Macey ? dit le boucher.

— Comment le sauraient-elles ? répliqua le vieux chantre avec un certain mépris. Mais mon grand-père a fait la livrée des grooms de ce M. Cliff qui vint bâtir les grandes écuries des Garennes. Ce sont des écuries quatre fois aussi grandes que celles du squire Cass, car il ne pensait qu’aux chevaux et à la chasse, ce Cliff. C’était un tailleur de Londres qui, au dire de certaines personnes, était devenu fou à force de tromper les gens. Il ne pouvait pas aller à cheval. Grand Dieu ! on prétend qu’il ne serrait pas plus sa bête que si ses jambes eussent été une paire de pincettes. Mon grand-père a entendu raconter cela au vieux squire Cass maintes et maintes fois. Cependant, il voulait aller à cheval malgré tout, comme si le malin l’y eût poussé. Il avait un fils, un garçon de seize ans, et son père ne voulait pas qu’il fît autre chose que de se livrer continuellement à l’équitation, bien que le jeune homme s’effrayât de cet exercice, à ce qu’on rapporte. Tout le