du désespoir. Puis, pendant quelques instants, il resta immobile ; mais ce cri l’avait délivré de la première étreinte de la vérité, — étreinte qui l’affolait. Il se retourna, s’avança en chancelant vers son métier et s’assit sur le siège où il travaillait d’habitude, recherchant instinctivement cette place parce qu’elle était pour lui la plus grande assurance de la réalité.
Maintenant que toutes ses fausses espérances s’étaient évanouies, et que la première secousse de la certitude était passée, l’idée d’un voleur commença à se présenter à son esprit. Il l’accueillit avidement, attendu qu’on pouvait attraper un voleur et lui faire rendre l’or. Cette pensée lui apportait quelque nouvelle force. Il s’élança de son métier vers la porte. Comme il l’ouvrait, il fut assailli par une pluie battante, car il pleuvait de plus en plus fort. Il ne fallait pas songer à suivre des traces de pas par une telle nuit. Des pas ! Mais quand le voleur était-il venu ? Pendant l’absence de Silas dans la journée, la porte était restée fermée à clef, et, lorsqu’il était rentré avant la nuit, il n’y avait aucun indice d’effraction. Et le soir aussi, se dit-il, tout se trouvait dans l’état où il l’avait laissé. Le sable et les briques ne paraissaient pas avoir été dérangés. Était-ce bien un voleur qui avait pris les sacs ? ou était-ce une puissance cruelle qu’aucune main ne pouvait atteindre, qui avait fait ses délices de le plonger une seconde fois dans le désespoir. Il recula devant cette terreur plus vague, et fit un violent effort pour s’arrêter à l’idée