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de nouveau la banquette de la fenêtre, d’un air tout à fait indifférent. « C’est vous-même qui devez remettre l’argent de Fowler ; ce n’est point mon affaire. Vous avez reçu cet argent lorsque vous êtes allé à Bramcote, et c’est vous-même qui avez dit au squire que cette somme n’était pas payée. Je n’ai rien eu à faire là-dedans ; vous avez été assez aimable pour me la donner, voilà tout. Si votre intention n’est pas de remettre l’argent, laissez la chose tranquille, cela m’est indifférent. Seulement, je désirais vous obliger en essayant de vendre le cheval, sachant qu’il ne vous est pas commode d’aller si loin demain. »

Godfrey resta silencieux pendant quelques instants. Il aurait voulu se jeter sur Dunstan, lui arracher le fouet de la main, le rouer de coups jusqu’à le mettre à deux doigts de la mort, et aucune crainte corporelle n’aurait pu l’en détourner, si une autre sorte de crainte, nourrie par des sentiments qui l’emportaient même sur sa rancune n’eût dominé sa volonté. Quand il reprit la parole, ce fut d’un ton à moitié conciliant :

« Eh bien, vous n’avez pas quelque sottise en tête au sujet du cheval, hein ? Vous le vendrez bien loyalement et vous m’en remettrez le prix ? Autrement, vous savez, tout ira à la débandade, car je n’ai pas d’autre planche de salut. Et vous aurez moins de plaisir à m’abattre la maison sur la tête, lorsque votre propre crâne devra se briser aussi.

— Oui, oui, très bien, dit Dunstan, en se levant. Je pensais que vous finiriez par entendre raison. Je suis