assis dans le cabriolet ; « j’aurais pu songer alors à quelque chose de jeune, outre les agneaux et les veaux.
— Oui, ma chère, oui, dit M. Lammeter ; on sent cela lorsqu’on avance en âge. La vie semble sombre aux vieilles gens. Ils auraient besoin d’avoir quelques jeunes figures autour d’eux, pour être sûrs que le monde est le même qu’autrefois. »
Nancy sortit alors pour souhaiter la bienvenue à son père et à sa sœur ; mais le cortège nuptial avait déjà passé la Maison Rouge, et se dirigeait vers la partie la plus humble du village.
Dolly Winthrop fut la première à deviner que le vieux M. Macey, qu’on avait placé dans un fauteuil devant sa porte, s’attendrait lors de leur passage à quelques égards particuliers, puisqu’il était trop âgé pour assister au repas de noce.
« M. Macey espère un mot de notre part, dit Dolly ; il sera blessé si nous passons près de lui sans rien dire,… lui, si torturé par les rhumatismes. »
Ils s’approchèrent donc pour donner une poignée de main au vieillard. Il avait compté sur cette circonstance et il avait prémédité son discours :
« Eh bien, maitre Marner, dit-il, d’une voix qui tremblait beaucoup, j’ai vécu pour voir mes paroles se réaliser. C’est moi qui ai dit le premier que vous étiez inoffensif, bien que vos regards ne fussent point en votre faveur ; et c’est moi aussi qui vous ai dit le premier que vous retrouveriez votre argent ;