une grande consolation de vous revoir en possession de l’argent dont vous avez été privé depuis tant d’années. C’est un membre de ma famille qui vous a causé ce tort ; j’en ai d’autant plus de chagrin, et je me sens obligé de le réparer par tous les moyens dont je dispose. Quoi que je puisse faire pour vous, ce ne sera de ma part qu’acquitter une dette, même si je ne considérais que le vol. Mais il y a d’autres choses pour lesquelles je vous suis et vous serai redevable, Marner. »
Godfrey s’arrêta. Il avait été convenu entre lui et sa femme, que le sujet de la paternité ne serait abordé qu’avec beaucoup de prudence, et, si c’était possible, que la révélation serait réservée pour plus tard, de manière à n’être faite que graduellement à Eppie. Nancy, avait insisté sur ce point, parce qu’elle pressentait vivement l’aspect douloureux, sous lequel la jeune fille ne manquerait pas d’envisager les relations qui avaient existé entre son père et sa mère.
Silas, toujours mal à son aise quand la parole lui était adressée par des « supérieurs », tels que M. Cass, — hommes grands, puissants, au teint fortement coloré, et qu’on voyait surtout à cheval, — répondit avec quelque embarras :
« Monsieur, j’ai à vous remercier pour beaucoup de choses déjà. Quant au vol, je ne le considère point comme une perte pour moi. Et, si je le faisais, vous n’y pourriez rien : vous n’en êtes pas responsable.