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eaux à Royston, nous a dit au sujet de l’enfant que sa sœur avait adopté ? C’est le seul cas d’adoption dont j’aie jamais entendu parler : l’enfant fut déporté à vingt-trois ans. Cher Godfrey, ne me demandez pas de consentir à ce que je sais être mal ; je ne serais plus jamais heureuse. Je sens que la chose vous est très pénible, à vous, et qu’il m’est plus facile de la supporter ; mais c’est la volonté de la Providence. »

Il pourrait paraître singulier que Nancy — avec sa théorie religieuse, formée pièce à pièce de traditions sociales bornées, de fragments de doctrines d’Église imparfaitement comprises, et de raisonnements enfantins basés sur sa petite expérience — fût arrivée d’elle-même à une façon de penser tellement voisine de celle de maintes personnes pieuses, dont les croyances sont professées sous la forme d’un système qui lui était complètement inconnu. Cela semblerait singulier si nous ne savions pas que les croyances humaines, de même que toutes les autres croissances naturelles, échappent aux limites des systèmes.

Godfrey avait tout d’abord désigné Eppie, alors âgée d’environ douze ans, comme une enfant qu’il leur conviendrait d’adopter. Il ne lui était jamais venu à l’esprit que Silas aimerait mieux perdre la vie que de se séparer de sa fille. Assurément, le tisserand voudrait le plus grand bien de l’enfant pour qui il s’était donné tant de peine, et il serait content qu’une si bonne fortune arrivât à Eppie. Elle-même