mais un homme a besoin de quelque chose qui le fasse jeter davantage ses regards dans l’avenir ; car, rester assis près du foyer, c’est de beaucoup plus triste pour lui que pour une femme. » Toujours, lorsque Nancy en arrivait à ce point de ses réflexions, — s’efforçant, avec une sympathie préconçue, de voir toutes choses comme Godfrey les voyait, — toujours, elle se livrait à un nouvel examen de conscience. Avait-elle bien fait tout ce qui était en son pouvoir pour adoucir cette privation à Godfrey ? Avait-elle eu réellement raison, six ans auparavant, et de nouveau deux ans après, d’opposer cette résistance qui lui avait coûté, à elle, tant de douleurs, — cette résistance au désir qu’avait son mari d’adopter un enfant ? L’adoption était plus étrangère aux idées et aux habitudes de ce temps-là qu’à celles du nôtre. Cependant, Nancy avait sa manière de voir à cet égard. Il lui était aussi nécessaire de s’être formé une opinion sur tous les sujets ne concernant pas exclusivement les hommes, et qui s’étaient présentés à son observation, que d’avoir une place bien déterminée pour chaque objet lui appartenant en propre« Et ses opinion ? étaient toujours des principes d’après lesquels elle agissait invariablement. Elles étaient fermes, non point à cause de leurs fondements, mais parce qu’elle y adhérait avec une ténacité inséparable de l’activité de son esprit. En ce qui touche tous les devoirs et toutes les convenances de la vie, depuis la conduite filiale jusqu’aux arrangements de la toilette
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