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fondes de Nancy venaient toutes de la conviction que Godfrey considérait l’absence d’enfants à leur foyer, comme une privation à laquelle il ne pouvait s’habituer.

Cependant, on aurait pu s’imaginer que la douce Nancy ressentirait plus vivement que lui encore, le refus d’un bien sur lequel elle avait compté, en se livrant aux espérances diverses et aux préparatifs à la fois solennels, gentils et futils d’une femme aimante, lorsqu’elle s’attend à devenir mère. N’y avait-il pas un tiroir tout plein d’objets — travail délicat de ses mains n’ayant jamais été ni portés ni touchés, exactement dans l’ordre où elle les avait mis quatorze ans auparavant, — exactement, sauf qu’il manquait une petite robe, dont on avait fait le vêtement funéraire ? Mais Nancy avait supporté sans murmures, et avec tant de fermeté cette épreuve qui la touchait directement, que tout d’un coup, et depuis bien des années, elle avait renoncé à l’habitude de visiter ce tiroir, de peur de chérir ainsi le désir de posséder ce qui ne lui avait pas été donné.

Peut-être était-ce cette sévérité même avec laquelle elle réprimait tout abandon à ce que Nancy considérait dans son cœur comme un regret coupable, qui l’empêchait d’appliquer à son mari le principe qui était sa loi morale, à elle. « C’est très différent,… c’est bien plus dur pour un homme d’éprouver un tel désappointement ; une femme peut toujours être heureuse en se dévouant à son mari,