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dernière recommandation que fit Priscilla au moment du départ, tandis qu’elle prenait les rênes et les secouait d’une main légère, — manière amicale d’encourager Pommelé.

« Je vais tout simplement faire un tour dans les prairies, près des Carrières, Nancy, pour voir le drainage, dit Godfrey.

— Vous serez de retour pour le thé, mon ami ?

— Oh ! oui, je serai revenu dans une heure. »

C’était la coutume de Godfrey, l’après-midi du dimanche, de s’occuper un peu d’agriculture contemplative dans une promenade faite à loisir. Nancy l’accompagnait rarement ; car les femmes de sa génération, à moins qu’elles ne se missent, comme Priscilla, à diriger les affaires extérieures, n’avaient pas l’habitude de se promener beaucoup hors de leur maison et de leur jardin. Elles trouvaient un exercice suffisant dans leurs occupations domestiques. Aussi, lorsque sa sœur n’était, pas là, Nancy s’asseyait généralement avec la Bible de Mant[1] devant elle, et, après avoir suivi des yeux le texte pendant quelques moments, elle les laissait errer peu à peu comme ses propres pensées qu’elle avait été impuissante à retenir. Cependant, le dimanche, ces pensées étaient presque toujours en harmonie avec le but pieux et révérencieux que le livre ouvert faisait supposer implici-

  1. Bible publiée en 1813-1814, par Richard Mant, évêque de Down (comté d’Irlande) et de Connor (dans le comté d’Antrim), en Irlande. (N. du Tr.)