prendre, qu’il le veuille ou non. Ma chère, » ajouta Priscilla, serrant affectueusement la main de sa sœur, comme elles marchaient l’une & côté de l’autre, « vous ne serez jamais triste quand vous aurez une laiterie.
— Ah ! Priscilla, dit Nancy, lui rendant le serrement de main, et jetant sur elle un regard reconnaissant de ses yeux limpides, mais cela ne sera pas une compensation pour Godfrey : une laiterie n’est pas une grosse affaire pour un homme, et c’est seulement ce qui l’afflige qui me rend triste. Je serais contente des biens que nous avons s’il pouvait l’être aussi.
— Ils me mettent hors de moi ces hommes, avec leur façon d’agir, dit Priscilla, impétueusement : toujours et toujours désirant quelque chose et jamais contents de ce qu’ils ont. Incapables de rester tranquillement sur leur chaise, alors qu’ils n’ont ni douleur ni souffrance, il faut qu’ils se plantent une pipe dans la bouche pour augmenter leur bien-être, ou qu’ils absorbent quelque chose de fort, bien qu’ils soient obligés de se dépêcher avant l’arrivée du repas qui va suivre. Heureusement, il m’est permis de le dire avec joie, notre père n’a jamais ressemblé aux gens de cette espèce. Et s’il avait plu à Dieu de vous rendre laide comme moi, de manière que les hommes n’eussent pas couru après vous, nous aurions pu nous en tenir h notre famille, et n’avoir rien à démêler avec des messieurs qui ont du sang turbulent dans les veines.