« Mais, Eppie, avez-vous songé à cela ?
— Seulement la semaine dernière, papa, dit Eppie naïvement, depuis qu’Aaron m’en a parlé.
— Et qu’est-ce qu’il vous a dit ? » ajouta Silas, en baissant toujours la voix, comme s’il craignait de faire entendre le moindre mot qui ne fût pas pour le bien d’Eppie.
« Il a dit qu’il voudrait bien se marier, parce qu’il va entrer dans sa vingt-quatrième année, et qu’il a beaucoup de travail dans les jardins, depuis que M. Mott s’est retiré. Il va régulièrement deux fois par semaine chez M. Cass, une fois chez M. Osgood, et on va le prendre au presbytère.
— Et qui veut-il épouser ? dit Silas, souriant assez tristement.
— Mais, moi, pour sûr, petit père, » répondit Eppie, avec un rire qui dessinait davantage ses fossettes, et en baisant la joue de Silas ; « comme s’il avait envie d’en épouser une autre !
— Et vous, votre intention est-elle de l’avoir ? continua Silas.
— Oui, plus tard, répondit Eppie. Je ne sais pas quand. Aaron dit que tout le monde se marie un jour ou l’autre. Seulement, je lui ai fait remarquer que cela n’était pas vrai ; car, lui ai-je dit : « Voyez papa, il ne s’est jamais marié. »
— Non, mon enfant, fît Silas, votre père est resté seul, jusqu’à ce que vous lui fussiez envoyée.
— Mais vous ne serez plus jamais seul, papa,