nuellement l’attention de « pa-pa », comme elle lui rapportait sa cueillette. Puis elle prêtait l’oreille au chant soudain de quelque oiseau, et Silas apprenait à l’amuser en lui faisant signe de rester silencieuse, afin qu’ils pussent écouter, dans l’attente des accents qui allaient recommencer. Et lorsque ceux-ci reprenaient, elle haussait ses petites épaules et riait en gazouillant son triomphe. Assis de cette manière sur les talus de verdure, Silas se mit à rechercher de nouveau les plantes qui lui étaient autrefois familières. En voyant les feuilles avec leurs contours et leurs nervures immuables sur le creux de sa main, il sentait revenir une multitude de souvenirs qu’il repoussait avec timidité. Ses pensées cherchaient alors un refuge dans le petit monde d’Eppie, lequel ne pesait que légèrement sur son cerveau affaibli.
À mesure que l’esprit de l’enfant grandissait en savoir, l’esprit de Silas grandissait en souvenirs ; à mesure que la vie d’Eppie se développait, l’âme du tisserand, longtemps engourdie dans une froide et étroite prison, se développait aussi, et, tremblante, revenait peu à peu à une pleine conscience d’elle-même.
C’était une influence qui devait acquérir de la force avec chaque année nouvelle. Les sons enfantins qui remuaient le cœur de Silas s’articulèrent et réclamèrent des réponses plus distinctes ; les formes et les bruits devinrent plus clairs aux yeux et aux oreilles d’Eppie, et il y eut des choses nouvelles qu’on demanda, d’un ton impératif, à « pa-pa » de