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se sentant obligé d’accepter le blâme et l’avertissement comme un service fraternel, n’en éprouva aucun ressentiment. Il n’eut que du chagrin en voyant les doutes que William entretenait à son égard. À cela vint s’ajouter une certaine inquiétude, lorsqu’il découvrit que la conduite de Sara envers lui commençait à trahir une étrange fluctuation : tantôt elle faisait des efforts pour lui montrer une plus grande affection ; tantôt elle laissait apercevoir des signes involontaires de répulsion et de dégoût. Il lui demanda si elle désirait rompre leur engagement ; mais elle dit que non : leur engagement était connu de l’Église et avait été confirmé dans les réunions pieuses. Pour le rompre, il eût fallu une enquête sévère, et Sara n’avait aucune raison à donner, qui pût être sanctionnée par le sentiment de la communauté. À cette époque, le doyen des diacres tomba dangereusement malade. Comme il était veuf et sans enfants, il fut soigné nuit et jour par plusieurs des plus jeunes frères ou sœurs de la congrégation. Silas et William venaient fréquemment veiller à leur tour pendant la nuit, l’un remplaçant l’autre à deux heures du matin. Le vieillard, contrairement à l’attente de tous, semblait être en voie de guérison, quand une nuit Silas, assis au chevet du malade, s’aperçut que la respiration de celui-ci, qui était ordinairement perceptible, avait cessé. La chandelle était presque brûlée : il dut la soulever pour voir distinctement le visage du diacre. Cet examen le persuada que le vieillard était