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caisse dans laquelle tout sentait la lavande et les feuilles de roses, jusqu’à celui où le petit collier de corail qui s’ajustait exactement autour de son petit cou blanc, fût agrafé. Toute chose appartenant à Mlle Nancy était d’une propreté et d’une pureté délicates : pas un pli n’était sans sa raison d’être ; pas la plus petite partie de son linge qui n’eut la blancheur qu’elle était supposée avoir ; même les épingles de sa pelote étaient piquées d’après un modèle dont elle avait soin de ne pas s’écarter ; et, quant à sa propre personne, elle donnait l’idée d’une élégance aussi exquise et aussi invariable que le corps d’un petit oiseau. Il est vrai que ses cheveux brun clair étaient coupés derrière la tête comme ceux d’un garçon, et étaient arrangés sur le devant en un certain nombre de boucles plates rejetées bien loin de son visage. Mais il n’y avait aucune sorte de coiffure qui ne pût rendre charmants le cou et les joues de Nancy. Lorsqu’enfin elle apparut vêtue complètement, avec sa robe de soie croisée couleur argent, avec son tour de gorge en dentelle, son collier et ses pendants d’oreilles de corail, les demoiselles Gunn ne trouvèrent rien à critiquer, si ce n’est ses mains. Celles-ci portaient les traces laissées par la fabrication du beurre, la pression du fromage et même quelque besogne plus grossière. Mlle Nancy, pour sa part, n’avait pas honte de cela. En effet, tout en s’habillant, la jeune fille racontait à sa tante comment Priscilla et elle avaient mis leurs affaires dans