toute grande route pour un cavalier, dans un lieu où ne pouvaient arriver ni les vibrations du cor de la diligence[1], ni celles de l’opinion publique. C’était tin village d’un aspect important, au cœur duquel se trouvaient une belle et ancienne église, avec un vaste cimetière, ainsi que deux ou trois grandes habitations construites en pierres et en briques, dont les toits étaient ornés de girouettes et les vergers bien entourés de murs. Ces habitations étaient situées tout près de la route, et leurs façades se dressaient avec plus de majesté que le presbytère, dont le sommet émergeait au milieu des arbres, de l’autre côté du cimetière. Raveloe était une paroisse indiquant immédiatement le rang de ses principaux habitants. Elle informait l’œil expérimenté qu’il n’y avait ni grand parc ni manoir dans le voisinage, mais qu’elle comptait plusieurs chefs de famille pouvant, à leur aise, mal faire valoir leurs fermes, tout en retirant dans ces temps de guerre [2] assez d’argent de leur mauvaise exploitation, pour mener une vie joyeuse et célébrer gaiement les fêtes de Noël, de la Pentecôte et de Pâques.
Il y avait déjà quinze ans que Silas Marner était à Raveloe. Ce n’était, dans le principe, qu’un jeune homme pâle, aux yeux bruns, saillants et myopes,