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les faits, — de rattacher à la boite à amadou, qu’en qualité de suppléant du constable il avait eu lui-même l’honorable distinction de trouver, certains souvenirs d’un colporteur. Celui-ci était entré dans son auberge pour boire quelque chose environ un mois auparavant, et avait positivement déclaré être porteur d’une boite à amadou qui lui servait à allumer sa pipe. Il y avait là certainement une piste à suivre. Et comme la mémoire, lorsqu’elle est dûment imprégnée de faits constatés, est quelquefois d’une fécondité surprenante, M. Snell recouvra graduellement la vive impression de l’effet que la physionomie et la conversation du colporteur avaient produit sur lui. Le regard de ce dernier était empreint d’une certaine expression qui avait frappé d’une façon désagréable l’organisme sensible de M. Snell. Assurément, rien de particulier n’était sorti de sa bouche, — non, rien, excepté cette parole au sujet de la boîte à amadou ; — mais ce n’est pas ce qu’un homme dit qui fait, c’est la manière dont il le dit. De plus, il avait un teint basané exotique qui annonçait peu d’honnêteté.

« Portait-il des boucles d’oreilles ? » demanda M. Crackenthorp, qui avait quelque connaissance des coutumes étrangères.

« Bon… attendez,… voyons, » répondit M. Snell, comme une somnambule docile qui voudrait réellement ne pas se tromper, si c’était possible. Après s’être distendu les coins de la bouche, et contracté