Page:Eliot - Silas Marner.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ce que je dis ? Je dis ce que dirait un homme de bon sens qui ne fermerait pas les yeux pour regarder un poteau indicateur, s’il avait besoin de voir son chemin, — je dis que je suis prêt à parier dix livres sterling avec toute personne qui voudra se tenir avec moi, durant n’importe quelle nuit où il fera beau temps, dans les pâturages devant les écuries des Garennes, — je dis que nous ne verrons pas de lumières et que nous n’entendrons aucun bruit, si ce n’est le souffle de notre nez. Voilà ce que je dis, et je l’ai dit maintes fois. Mais il n’y a personne qui veuille risquer un billet de dix livres sterling pour ces revenants dont on se croit si sûr.

— Mais, Dowlas, ce n’est pas malin, en vérité, de faire un pari dans ces conditions, dit Ben Winthrop. Vous pourriez tout aussi bien parier avec un homme qu’il n’attraperait pas de rhumatismes, s’il se tenait dans l’eau jusqu’au cou dans la mare par une nuit glaciale. Ce serait joliment amusant pour quelqu’un de gagner un pari en attrapant des rhumatismes. Les gens qui croient au congé de Cliff ne vont pas s’aventurer à s’approcher de l’endroit pour une affaire de dix livres sterling.

— Si M. Dowlas veut connaître la vérité sur ce sujet, » dit M. Macey, avec un sourire sarcastique, et en se frappant les pouces l’un contre l’autre, « il n’a aucunement besoin de parier ; qu’il aille se tenir là tout seul, personne ne l’en empêchera. Alors, il pourra faire savoir aux habitants de la paroisse s’ils se trompent.