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VIII


Un chagrin bien autrement cuisant régnait au presbytère. Rex, en y revenant, était allé se jeter sur son lit, dans un état de prostration qui ne cessa que le lendemain, lorsque apparurent des signes positifs de maladie. Il ne pouvait plus être question de départ pour Southampton : l’unique pensée d’Anna et de sa mère fut de savoir comment s’y prendre pour soigner ce malade qui ne voulait pas guérir, et qui, du plus vif et du plus charmant esprit de la maison, s’était changé en un être taciturne, au regard sombre, ne répondant aux sollicitudes affectueuses que par ces seuls mots :

— Qu’on me laisse seul !

Son père voyait venir la crise et la considérait comme le moyen le plus sûr pour sortir de cette malheureuse situation ; néanmoins, il s’affligeait de cette inévitable souffrance et allait de temps en temps s’asseoir au chevet du patient, qu’il quittait en lui serrant la main et en murmurant :

— Dieu te bénisse, mon enfant !