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ou physiques. Elle était honteuse de ce qui pourrait encore lui arriver, quand elle se rappelait l’épouvante qui s’emparait d’elle lors qu’on la laissait seule ; mais, dès que quelqu’un s’approchait, dès qu’elle ne se sentait plus dans la solitude, elle recouvrait son courage et se sentait indifférente pour ce qui l’avait effrayée un moment plus tôt. Au milieu d’êtres humains, Gwcndolen ne craignait absolument rien et se sentait capable de gouverner le monde.

Sa mère et ses sœurs expliquaient ses accès de timidité ou de terreur par la « sensibilité » ou par « l’excitabilité » de sa nature ; mais il aurait été nécessaire que ces expressions pussent se concilier avec sa franche indifférence et son rare égoïsme. Quant à Rex, après la scène d’Hermione, il se dit avec plus de force encore qu’elle était animée des meilleurs sentiments, qu’elle devait répondre à un amour honorable et aimer mieux que toutes les autres femmes de son âge. Rex sentait l’été sur ses jeunes ailes et planait avec ivresse dans son ciel bleu.