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— Meilleur ! je le crois bien. Quant à moi, je te suis très reconnaissante de vouloir bien prendre encore sur tes épaules ce surcroît de fardeau pour l’amour de ma sœur et de ses enfants. Certes, je n’ai rien à envier à ma pauvre Fanny ; mais il y a une chose à laquelle j’ai réfléchi quoi que tu n’en aies pas parlé.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Les garçons. J’espère qu’ils ne s’amouracheront pas de Gwendolen.

— Ne présuppose rien de ce genre, ma chère ; il n’y a point de danger. Rex ne sera jamais à la maison que pendant quelques jours, et Warham partira bientôt pour les Indes. C’est le meilleur plan pour être sûrs qu’ils ne tomberont pas amoureux de leur cousine. Si tu commences par des précautions, la chose arrivera en dépit de ces précautions. Il ne faut pas vouloir remplacer la Providence en ces matières qu’on ne peut pas plus empêcher que les poules de couver. Les garçons n’auront rien, et Gwendolen pas davantage ; ils ne peuvent donc pas se marier. Au pis aller, ils pleureront un peu et on ne peut l’éviter ni aux garçons ni aux filles.

Madame Gascoigne fut rassurée. S’il arrivait quelque chose, elle avait la consolation de se dire que son mari saurait ce qu’il devrait faire et qu’il en aurait aussi l’énergie.