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— Vous m’avez cependant dit que vous les conserviez chez vous.

— Quand je vous l’ai dit, c’était vrai. Ils sont à la banque de Dudley.

— Retirez-les, je vous prie. Je ferai une disposition pour que vous les remettiez à quelqu’un.

— Ne faites point de disposition ; la personne à qui vous les destinez les recevra.

— Que voulez-vous dire ?

— Je vous ai toujours dit que je les donnerais à votre femme. Je tiendrai ma parole. Elle n’est pas encore votre femme.

— C’est de la folie ! dit Grandcourt d’un ton outré.

Il était furieux de voir que son indulgence pour Lydie avait donné à celle-ci une sorte de domination sur lui, malgré sa condition dépendante. Il se leva, alla s’appuyer contre le manteau de la cheminée, et dit en la regardant en face :

— Il faut que ces diamants me soient remis avant mon mariage.

— Quel jour vous mariez-vous ?

— Le 10 ; il n’y a pas de temps à perdre.

— Et où allez-vous après le mariage ?

Il ne répondit que par un regard plus sombre ; mais, au bout d’un instant, il reprit :

— Il faut qu’un jour avant le mariage vous les retiriez et me les remettiez, ou à quelque autre que j’en chargerai. C’est très contrariant. Fixez le jour.

— Non, je ne ferai pas cela. Ils lui seront remis certainement. Je tiendrai ma parole.

— Voulez-vous dire que vous ne ferez pas ce que je veux ?

— Oui, c’est ce que je veux dire.

Cette réponse partit comme un coup de foudre, pendant