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— Quand vous mariez-vous ?

Grandcourt, qui avait déjà quitté la table pour s’installer dans un fauteuil et fumer son cigare, répondit sans hésitation :

— Le 10.

— Resterez-vous ici ?

— Nous irons passer quelques jours à Ryelands et nous reviendrons ici pour la saison de la chasse. Puis, après un moment de silence : — Vous ferez bien, ajouta-t-il, de prendre de nouveaux arrangements.

— Ainsi, je suis battu et renvoyé ! dit Lush décidé à rester calme malgré tout.

— Quelque chose comme cela. — La jeune dame m’est contraire. Elle vous fait oublier mes services.

— Je ne puis empêcher que vous déplaisiez aux femmes.

— À une femme, s’il vous plaît.

— Cela ne fait point de différence, puisque c’est la seule en question.

— J’espère que je ne serai pas mis à la réforme sans provision, après quinze années passées auprès de vous.

— Vous devez avoir mis quelque chose de côté.

— Diablement peu. J’ai trop souvent mis de côté pour vous.

— Vous aurez trois cents livres de rente, mais il faut que vous restiez à Londres et que vous soyez prêt à soigner mes affaires quand j’aurai besoin de vous.

— Si vous n’allez pas à Ryelands cet hiver, je puis m’y établir et vous tenir au courant de la façon dont Swinton gère ce bien.

— Soit. Peu m’importe où vous serez, pourvu qu’on ne vous voie pas.

— Bien obligé, dit Lush, persuadé qu’avant peu il deviendrait plus nécessaire que jamais.