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— Ah ! peut-être, répondit-il sans changer d’expression.

Lady Mallinger crut devoir en parler à sir Hugo, qui lui dit :

— Oh ! ma chère, il n’est pas fou. Il ne faut pas supposer qu’il ne sait pas comprendre une plaisanterie. Il joue son jeu aussi bien que nous tous.

— Il ne m’a jamais paru très sensé, dit lady Mallingar, pour s’excuser.

Elle n’aimait pas à rencontrer Grandcourt, qui était pour elle le reproche vivant de n’avoir pas donné de fils à sir Hugo.

Deronda non plus n’aimait pas Grandcourt, quoiqu’il s’attachât à être toujours très poli avec lui. Il ne voulait pas surtout qu’un homme comme Grandcourt pût supposer qu’il l’enviât. Mais comment empêcher les interprétations ? Grandcourt, qui supposait que Deronda était son cousin du côté paternel, croyait qu’il frémissait intérieurement de colère, en considérant leur position mutuelle ; c’est pourquoi sa présence lui était plus agréable qu’elle ne l’eût été autrement, c’est pourquoi il avait bien voulu échanger quelques mots avec Deronda sur la terrasse, au sujet de la chasse de Diplow, et même l’inviter à venir y passer quelques jours au commencement de la saison cynégétique.

Lush, auquel le délai ne déplaisait pas, continuait ses commérages avec sir Hugo et répondait à ses questions sur les affaires de Grandcourt en tant qu’elles avaient rapport à Diplow. Quant aux embarras personnels de son neveu, le baronnet en savait assez pour en parler à Lush pendant leurs promenades, et il prêtait volontiers l’oreille à un petit scandale qu’il appelait un trait de mœurs. Mais, quelque, connaissance qu’il eût des secrets de Grandcourt, jamais il n’en avait parlé à Deronda.

— Eh bien, dit-il à Lush, vous me ferez savoir le tour