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XXV


Les potentats n’ont besoin que de peu de mots pour faire connaître leurs intentions. Ainsi en fut-il lorsque Grandcourt, après avoir appris que Gwendolen avait quitté Leubronn, déclara incidemment que ce rendez-vous de la mode était un antre pire que Baden. En entendant cette boutade, M. Lush conclut que son patron avait l’intention de retourner directement à Diplow, mais il était bien sûr que l’exécution serait plus lente que l’intention ; en effet, Grandcourt flâna tout le jour suivant sans donner l’ordre du départ, peut-être parce qu’il avait deviné que Lush l’attendait ; il s’attarda à sa toilette, se traîna dans les salons, sur la terrasse, indifférent à tout ce qui l’entourait. Cependant, quand il rencontra lady Mallinger, il daigna la saluer, s’arrêter et prouver qu’il avait entendu sa recommandation des eaux, en disant :

— Oui, j’ai entendu dire qu’il était providentiel que les sources se trouvent toujours dans les villes de jeu.

— Oh ! c’est une plaisanterie, comme celle que l’on a faite sur les villes et les rivières, répondit la naïve lady, trompée par la sérieuse langueur de Grandcourt.