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— Eh bien, recommandez-la à l’évêque pour ses filles, dit Gwendolen en essayant de sourire. Je suis sûre qu’elle sera meilleure que moi pour cet emploi.

— Ne va rien dire de pareil à ton oncle, mon enfant, s’écria madame Davilow effrayée. Il serait froissé s’il voyait que tu dédaignes ce qu’il t’offre. Mais je suis sûre qu’il approuvera le plan que tu peux avoir, si tu le consultes.

— Je veux d’abord consulter une autre personne. Savez-vous si les Arrowpoint sont encore à Quetcham et si M. Klesmer est chez eux ? Je crois pouvoir affirmer que vous l’ignorez, pauvre chère maman. Jeffries peut-il monter à cheval pour porter une lettre ?

— Oh ! ma chère, Jeffries n’est plus ici et le marchand a repris les chevaux. Mais quelqu’un de la ferme de Leek peut y aller. Je sais que les Arrowpoint sont à Quetcham : miss Arrowpoint nous a laissé sa carte l’autre jour, mais je n’ai pas voulu la recevoir. Quant à M. Klesmer, je ne sais rien. Veux-tu y envoyer avant demain ?

— Oui, oui ! aussitôt que possible. Je vais écrire un petit mot.

— Quelle est ton intention, Gwen ? demanda madame Davilow rassurée, en voyant chez sa fille des signes de vivacité et de meilleure humeur.

— Ne vous en préoccupez pas, chère maman. Ne vous inquiétez pas de ce que je veux faire, avant que ce soit décidé. J’espère qu’alors vous serez consolée… La chère figure ! ajouta-t-elle en la caressant ; elle a vieilli de dix ans dans trois semaines. Allons, allons ! ne pleurez pas ! Elle prit la tête de sa mère dans ses mains et l’embrassa sur les yeux. — Mais il ne faudra pas me contredire, ni mettre d’entraves à mes projets. Je veux être l’arbitre de mon sort ; je n’entends pas que mon oncle ou ma tante me dictent ce que je dois faire. Ma vie est mon affaire ; et je pense, — ici son ton devint plus caustique, — je pense