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que nous, dit madame Meyrick. Elle demeurera sous mon toit ; je puis lui donner la chambre de Hans.

— Voudra-t-elle attendre ?

— N’en doutez pas. Il n’est pas dans sa nature de nourrir des plans et des projets : elle ne sait que se soumettre. Rappelez-vous comme elle obéissait à son père. Elle est encore tout étonnée d’avoir eu la volonté de fuir. Quant à revoir sa mère, elle en a l’espérance. Puisque vous avez été envoyé pour la sauver et que nous sommes bonnes pour elle, elle compte que l’on retrouvera sa mère de la même façon, c’est-à-dire sans la chercher.

Madame Meyrick estimait aussi que la somme mise à sa disposition par Deronda, comme provision pour les besoins de Mirah, était plus que suffisante. Elle espérait qu’au bout de quelque temps elle s’occuperait comme ses filles et se rendrait indépendante. Deronda lui fit observer qu’elle avait besoin d’un long repos.

— Oui, certes ; aussi ne presserons-nous rien. Comptez sur nous ; pour elle, nous aurons les plus tendres soins. Si vous voulez bien me faire savoir où je pourrai vous adresser mes lettres à l’étranger, je vous tiendrai au courant de tout. Il ne faut pas que nous ayons seules le plaisir de la sauver. Et puis, je désire que l’on croie que je le fais autant pour vous que pour Mirah.

— Ce serait vrai, car je ne sais pas comment j’en serais sorti hier sans vous. Tout aurait mal tourné. Je dirai à Hans que la meilleure chose que m’ait valu son amitié, c’est d’avoir connu sa mère.

Ils rentrèrent alors dans le parloir où Mirah, paisiblement assise, apprenait des trois sœurs tout ce qu’elles savaient sur Deronda, son amitié pour Hans, ce qu’il avait fait pour lui.

— Kate brûle tous les jours de l’encens devant son portrait, dit Mab. Moi, je porte sa signature dans un