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XX


Mirah dormit d’un bon sommeil réparateur, et, quand le lendemain elle descendit dans une robe noire de Mab, les cheveux bouclant en fibrilles humides après l’ablution dont elle les avait arrosés, elle semblait avoir repris courage et un peu oublié les douleurs et les misères qui avaient pâli ses joues et tracé un cercle bleuâtre autour de ses yeux. Ce fut Mab qui lui apporta son déjeuner et qui la conduisit au parloir, non sans orgueil de l’effet produit par de mignonnes pantoufles de feutre qu’elle s’était empressée d’aller acheter ; car il ne s’en trouvait pas dans la maison d’assez petites pour le pied de Mirah, dont la robe d’emprunt n’arrivait qu’aux chevilles.

— Oh ! maman ! s’écria Mab en buttant des mains, voyez donc comme ces pantoufles lui vont bien ! Je m’étonne que ces petits pieds soient assez forts pour soutenir son corps.

Mirah jeta un coup d’œil sur ses pieds et sourit à madame Meyrick, qui se dit : « Il est impossible que cette enfant ait eu une mauvaise pensée. Cependant la sagesse me