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LE CHOIX DES DEMOISELLES


XIX


Ce serait mal caractériser Deronda que de le dire romanesque ; mais, sous son extérieur calme et grave régnait une ardeur qui le portait aisément à trouver de la poésie et du roman dans les événements de chaque jour. Pour lui, le fait d’avoir trouvé Mirah était aussi émouvant que les aventures d’Oreste ou de Renaud. Il demeura sur pied une bonne partie de la nuit, se retraçant tout ce qui s’était passé depuis que Mirah lui était apparue sur le bord de la Tamise. Il prit un livre et essaya de lire pour chasser les idées qui le poursuivaient ; mais les caractères lui faisaient l’effet d’un réseau à travers les mailles duquel il voyait et entendait tout, aussi distinctement qu’avant ; non seulement il voyait les péripéties survenues pendant les deux heures précédentes, mais encore les possibilités auxquelles ces péripéties pourraient donner