Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XVI


En effet, les circonstances de la vie de Deronda avaient été exceptionnelles. Il y eut un moment surtout qui fut important pour lui. Qu’on se représente un jeune garçon de treize ans, couché au milieu d’une belle pelouse qu’entoure un cloître gothique. Il soutient avec son bras sa tête ornée de magnifiques cheveux bouclés, penchée sur un livre, pendant que son maître, qui lit de son côté, est assis à l’ombre sur une chaise de jardin. Le livre de Deronda était l’Histoire des républiques italiennes, de Sismondi. L’enfant avait la passion de l’histoire : il voulait savoir comment les diverses époques de l’humanité avaient été remplies depuis le déluge, et comment les choses s’étaient passées pendant les périodes obscures. Tout à coup, il releva la tête, regarda son maître et lui dit :

— Monsieur Fraser, comment se fait-il que les papes et les cardinaux aient eu tant de neveux ?

Le maître, jeune Écossais de talent que sir Hugo s’était attaché en qualité de secrétaire, quitta, un peu malgré lui,