de savoir ce qui s’était passé à Diplow. Il se montra pour son neveu plus aimable que jamais et s’arrangea de manière à avoir avec Lush un entretien particulier.
Entre Deronda et Grandcourt, les rapports étaient plus tendus, plus froids, et cela tenait à des circonstances que l’on connaîtra bientôt. Cependant, aucun d’eux ne manifesta de désappointement lorsque une heure après l’arrivée de Grandcourt, on se rencontra à la table d’hôte, et quand les quatre gentlemen, après que lady Mallinger se fut retirée, se réunirent sur la terrasse pour aller ensuite dans les salons de jeu, sir Hugo dit :
— Avez-vous beaucoup joué à Baden, Grandcourt ?
— Non, j’ai regardé et parié un peu avec des Russes.
— Avez-vous eu de la chance ?
— Ai-je gagné, Lush ?
— Oui, à peu près deux cents livres, répondit Lush.
— Alors, vous n’êtes pas ici pour jouer ? demanda sir Hugo.
— Non ; je ne me soucie pas du jeu maintenant. Qu’il aille au diable ! répondit Grandcourt en tirant ses favoris.
— Il faudrait que quelqu’un inventât une machine pour vous amuser, mon cher garçon ! dit sir Hugo. Ce serait à peu près comme les Tartares quand ils font leurs prières. Mais je suis d’accord avec vous ; le jeu est monotone. Au reste, je ne l’ai jamais aimé ; je ne tiens même plus à regarder jouer, car on est empoisonné par un air méphitique. Je ne reste jamais ici plus de dix minutes. Mais où est donc ta belle joueuse, Deronda ? Y a-t-il longtemps que tu ne l’as vue ?
— Elle est partie, répondit laconiquement Deronda.
— Une belle fille, sur ma parole ! une vraie Diane ! dit sir Hugo en s’adressant à Grandcourt. Quand je la vis, elle gagnait : elle prenait son gain avec autant de calme que si