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admettant, toutefois, que l’on eût voulu être agréable à la personne qui venait de se montrer si peu aimable ; mais, en allant chercher le burnous, Lush n’avait pas eu l’intention de se rendre agréable. Il s’inclina légèrement et s’éloigna, après que Grandcourt lui eut pris le burnous des mains.

— Vous feriez peut-être bien de le mettre, dit-il à Gwendolen.

— Vous avez raison, je crois que ce serait sage. Je vous remercie, dit-elle en se levant et en se prêtant avec grâce à ce qu’il lui posât le burnous sur les épaules. Puis il échangea quelques paroles de politesse avec madame Davilow, et, en prenant congé, il demanda la permission de se présenter à Offendene le lendemain.

Évidemment, l’insulte faite à son ami ne l’avait pas touché ; du reste, le refus de recevoir le burnous des mains de M. Lush signifiait assez clairement qu’elle l’attendait de M. Grandcourt. Mais, en agissant ainsi, Gwendolen n’avait pas eu ce dessein ; elle avait simplement obéi à un sentiment d’antipathie. Elle ne se doutait pas, la pauvre enfant, que ces hommes étaient pour elle de sombres énigmes. La seule chose qu’elle aurait voulu savoir, c’est jusqu’à quel point le caractère et les manières de M. Grandcourt pourraient s’assortir à ses désirs.