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Myrtes et Cyprès.

Comme tu le faisais étant enfant, naguère. »
Et moi, triste, indécis, à cette voix austère
Qui m’eût rendu l’espoir, j’osais répondre : « Non »
Soudain au fond du chœur j’entends un vague son.
Je me lève, je cours, je m’arrête. Ô surprise !
Je crois rêver. Devant l’autel était assise
Une de ces beautés, au front de dix-sept ans,
Un ange aux cheveux blonds, aux yeux bleus pénétrants.
Elle priait, du moins son regard de colombe
Voulait trouver le ciel en contemplant la tombe.
Mon pas lourd retentit sur le pavé durci :
Elle se retourna. Qu’elle était belle ainsi !
J’aurais cru voir une âme habitant ces demeures
Où dans l’éternité tombent gaiement les heures.
En écoutant le bruit, son visage adoré,
De pâle qu’il était, devint rose nacré.
« Pardon ! dis-je, confus, pardon, je me retire. »
Mais elle, cette enfant, avec un doux sourire,
Tendit sa blanche main vers un Sauveur en croix.
« Ô qui que vous soyez, fit entendre sa voix,