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Myrtes et Cyprès.


Fallait-il dans tes yeux mettre tant de lumière,
Tant d’ineffable ivresse et de molle langueur ?
Toujours à me chercher tu semblais la première,
Et moi je t’adorais sans crainte et sans frayeur.

Tu me semblais si belle, et si noble, et si pure,
Que jamais je n’ai cru que tu trompais mes vœux ;
Et maintenant encore, isolé, je murmure
Ces doux vers qui jadis te firent mes aveux.

Je pleure loin de toi, quoique je te pardonne,
Je pleure mon beau rêve envolé pour toujours,
Car j’ai vu se flétrir la touchante couronne
Que m’avaient mise au front de volages amours.

Je pleure ce que Dieu mit de tendre en mon âme,
Mon âme où se mirait l’ineffable idéal,
Mon âme qui vivait de ton regard, ô femme !
Et qui dans la tempête y cherchait son fanal.