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Myrtes et Cyprès.

Orchestre solennel qui jamais ne s’arrête,
Ma voix se joindrait-elle en un hymne de fête ?
Ou bien, pécheur, devrais-je exhaler mes sanglots
Avec le rossignol, le zéphyr et les flots ?
Mon rôle est indécis, mon âme est un mystère :
Le créateur seul sait mon but sur cette terre.

L’homme est un voyageur que dirige sa main ;
Il rencontre parfois, sur le bord du chemin,
Un arbrisseau cachant sous son jeune feuillage
Un doux nid qu’il défend contre le vent d’orage.
Ô bruits d’ailes, caquets, gazouillements joyeux !
L’homme écoute en passant ce que disent entre eux
Ces hôtes du printemps, bijoux de la nature,
Tous ces petits oiseaux à la voix fraîche et pure.
Il écoute rêveur… Et moi, combien de fois
Ne me suis-je arrêté dans l’épaisseur des bois
Pour inspirer mon vers à cette insouciance
Qui règne, ô chantre ailé ! dans ta douce romance !