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Myrtes et Cyprès.

Comme la feuille morte au souffle des autans,
Pâlir tout le bonheur créé par le printemps.

Un soir surtout que, seul, penché sur ma fenêtre,
Je songeais à l’amour absorbant tout mon être,
Je ne sais si le deuil, l’abandon au dehors,
Agissaient sur mon âme en irritant mon corps,
Je ne sais si l’adieu de la nature émue,
Que l’hiver saisissait échevelée et nue,
Trouvait dans ma pensée un écho douloureux
Et si je n’y voyais un présage odieux.

Ce soir-là je devais trouver Bianca chez elle ;
Elle m’avait écrit : « Guzman, mon cœur t’appelle,
Viens, nous serons à deux, livrés à notre amour ;
C’est bien long de passer, sans te voir, tout un jour ! »
J’attendais, pour guider mes pas vers sa demeure,
Que de Sant Iago la cloche eût sonné l’heure
Par huit coups répétés. Mais lorsque l’on attend,
L’impatience attriste et double chaque instant.