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LES FUSILLÉS DE MALINES

millier. Ce contingent-là permettrait de risquer l’aventure ! »

Après avoir consulté les principaux de ses camarades, Guillot la Taupe, au nom des conscrits de Bonheyden et des paroisses environnantes, chargea Marguerie de rapporter au curé-doyen de Duffel leur adhésion à son plan de campagne. Ils se mettraient en route après minuit de manière à gagner le quartier général, avant l’aube. Pour épargner au pasteur de Bonheyden une nouvelle marche forcée pendant la nuit, Willem réquisitionna le roussin et la carriole de son père ; on revêtit le véhicule de sa bâche imperméable et on y installa le saint octogénaire qui partit sous la conduite de Marguerie, escorté de quatre gars du pays, entr autres de Tony le Joufflu.

Tistiet l’Oiseleur souhaitait d’accompagner son camarade, mais Guillot lui réservait un autre voyage. Tony prit donc congé de sa grand’mère et de son féal. Sous les yeux de Marguerie, dont l’uniforme et l’allure lui imposaient, il se tenait à quatre, tâchait de prendre une contenance martiale.