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LES FUSILLÉS DE MALINES

prévenir les desseins des sans-culottes, capables, comme l’a proclamé Rik Schalenberg, de

Mettre les socs de nos charrues
Aux guillotines de Paris.

Une partie de la matinée se passe pour chaque maisonnée à fourbir, à décaper, à huiler les pièces de l’armement. Au lieu de la musique coutumière des fléaux battant l’airée, du ronron des tarares, du grincement des meules, du clapotis des vans contre les genoux durillonnés, on perçoit, par les portes des granges, un cliquetis de ferraille, un bruissement d’acier, et çà et là, d’un courtil ou d’un verger, partent des détonations d’armes à feu.

Les chefs siègent en permanence à la Feuille de Trèfle. Ils ont des soldats, et à défaut d’armes des engins pouvant en tenir lieu : il s’agit d’arrêter un plan de campagne à présent. Heratens le Blanc préconise de se tenir simplement sur la défensive. On abattrait les arbres des grand’-routes pour empêcher le passage de la cavalerie française. Schalenberg propose