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LES FUSILLÉS DE MALINES

l’hôte vénérable la journée du triomphe de l’adroit tireur.

Les vétérans exhument des profondes cachettes quelques-uns de ces fusils dont l’empereur Joseph II décréta la saisie après la révolution brabançonne. De leurs doigts raidis, les partisans de Vander Noot en font jouer la batterie et en apprennent le maniement aux novices. D’autres remettent au jour des tromblons, de vieux pistolets, des sabres rouillés, ornements d’antiques panoplies.

À l’exemple de Willem, les membres des guildes et des serments supprimés reprennent leurs armes courtoises, qui vont devenir armes à outrance, et, avant de viser des cibles plus conséquentes, les compagnons s’exercent sous les berceaux et les charmilles, dont les ramures enchevêtrées n’ont guère été taillées depuis l’invasion. Rentrés chez eux, les tâcherons inspectent leurs instruments de labeur : houes, fourches, fauchets, piquets, fléaux et pioches. L’Oiseleur et le Joufflu assujettissent au bout de leurs bâtons les tranchants de l’araire condamnée au repos. Il s’agit de