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LES FUSILLÉS DE MALINES

leurs noces ! Elles leur confectionnent jusqu’à des écharpes voyantes pour ceindre leurs reins par dessus les longues blouses bleues, cousent une cocarde rouge au rebord de leurs chapeaux ou y attachent un panache de plumes de coq, un scapulaire, une médaille bénite à Montaigu.

Bazine Tuytgen a retrouvé le riche collier de cérémonie du serment de l’Arbalète, le collier en argent massif, formé de plaques incrustées, grandes comme des écus d’Autriche, et que le bourgmestre Tuytgen mit au cou de Guillot, le jour où celui-ci décrocha le papegai. Le jeune chef compte s’armer de sa fidèle arbalète et se parer aussi de son collier royal. Sous les yeux du pastoor, installé dans la meilleure chaise de la ferme, la diligente femme nettoie, à la craie, avec des précautions quasi-sacerdotales, le précieux trophée soustrait aux rapines des Français, et son cœur maternel se serre de nouveau, en comparant les pacifiques victoires d’autre fois aux sombres périls de demain, et, défaillante, elle cesse de remémorer à